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Comme moi il y a vingt ans

Writer's picture: Maeva DoumbiaMaeva Doumbia

Updated: Dec 2, 2021

Je souris toujours autant lorsque tu me parles d’elle. Je vois tes yeux briller et tes mains bouger avec frénésie. Je suis tous les mouvements de ta tête et les soubresauts de ta poitrine. Sa grâce n’a d’égal que sa beauté. Sa démarche langoureuse suspend le temps. Les aiguilles des montres arrêtent brusquement leurs tours infinis et le vent même retient son souffle. Il faut lever un peu la tête pour lui adresser la parole. Ses pieds effleurent à peine le sol quand elle marche; comme s’ils étaient trop purs pour toucher ce sol souillé par les autres êtres humains. Elle est de celles que rien n’arrête. Elle est sûre d’elle sans être arrogante; de sorte que sa confiance en elle-même vous fait perdre la vôtre. Elle défie et défait à son gré toutes les conventions sociales qui ostracisent sa liberté. Elle revendique son identité, et s’assume sans complexes aucun. Elle fait ce qu’elle aime et aime ce qu’elle fait. Elle excelle à tout ce qu’elle touche. Elle construit et reconstruit des carrières. Elle s’arrête si elle en a envie et reprend quand le cœur lui en dit. Elle est fière et sauvage. Elle est libre et ivre de jeunesse. Elle est tout ce tu aimes et tout ce que je ne suis plus. Je te vois lorsque tu penses échapper à mon regard. Lorsque tu es couché près de moi ou pendant ces moments où ton regard se perd dans le néant. Je ressens toute la flétrissure de ton cœur lorsque tu me tiens la main et j’en ressens toute l’ardeur lorsque son nom est évoqué. Comme elle il y a vingt ans, je n’avais qu’à lever un cil pour avoir le monde à mes pieds. La légèreté de mes pas faisait tourner les regards et la vivacité de mon esprit prédisait un avenir empli de belles promesses. Comme elle il y a vingt ans, j’en avais vingt. Je défiais le monde et ses codes et je perçais à jour l’hypocrisie de ses convenances morales et sociales. Comme elle il y a vingt ans, j’étais fière et sauvage; et je défiais le monde en te choisissant. Puis je t’ai offert mon corps et t’ai l’aissé partager mon esprit. Je t’ai lasissé absorber une partie de mes rêves pour qu’ils s’ajustent aux tiens. Je me suis laissé dompter et t’ai même offert les étriers. J’ai tenu la chandelle en pensant à tort que tu alimenterais sa flamme. Pendant que je m’étouffais en essayant de la raviver, tes yeux cherchaient ailleurs une nouvelle source de lumière. Alors je souris lorsque tu me parles d’elle. Lorsque tu joues la carte de la franchise en me martelant qu’elle partagera bientôt notre maison. Mon sourire est froid comme tes mains lorsqu’elles me touchent, mais sauvage comme au printemps de ma jeunesse. Je sais que tes yeux brilleront demain devant son père. Mais j’ignore encore si cela sera dû à la colère ou la dévastation lorsqu’il t’apprendra qu’elle s’est enfuie avec celui pour lequel comme moi il y a vingt ans, elle a défié le monde et ses convenances.



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