Retour sur l'expérience avec les Massaï.
Nous sommes à Monduli, dans la région d'Arusha, au nord de la Tanzanie. Mes amies et moi décidons d'aller dans un village Massaï et nous avons la chance d'y être conduites.
À notre arrivée, Mattao nous brief un peu sur le mode de vie. Il nous apprend que les Massaï sont un peuple nomade originaire de l'Égypte antique. Ils voyagent au gré des saisons et principalement dans des zones où leurs animaux peuvent paître. Leur sédentarisation est récente et n'est pas encore tout à fait définitive.
Chez ce peuple, la circoncision des garçons se fait à 15 ans. Les circoncis s'éloignent du reste de la tribut pendant toute la période de leur convalescence. Durant leur réclusion, "les nouveaux" hommes ne mangent que de la viande, et ne boivent que du lait et du sang. Durant leur convalescence, interdiction totale de boire de l'eau. Pour se soigner, ils peuvent en utiliser mais seulement si l'eau est mélangée à des plantes médicinales. Ils s'arrachent en général les deux incisives inférieures (celles du milieu) pour faire passer les médicaments. Mattao nous a dit "vous avez les injections, nous, nous avons les canaux de nos incisives".
La Tanzanie à interdit l'excision des filles alors les Massaï ne la pratiquent plus (ou peu) dans ce pays.
Après nos mille et une questions sur leur mode de vie, Mattao nous introduit au reste de sa tribu. Nous avons droit à un merveilleux accueil avec les chants et danses Massaï et nous sommes même invitées à rejoindre le groupe des femmes et à danser avec elles. La danse des hommes consiste à faire de hauts sauts avec leur lance en main. Celle des femmes consiste très sommairement à un léger haussement des épaules dans le but de faire claquer leurs bijoux autour du cou.
Comme d'habitude, étant toujours à côté de la plaque, je me suis mise à sauter plus haut que le reste des femmes (ce qui s'est passé à Monduli reste à Monduli, je ne montrerai pas les photos de mes sauts exagérés 😹).
L'accueil et les danses passées, Mattao nous fait rentrer dans une habitation Massaï. C'est une case... Il y en a du même style en Côte d'Ivoire, mais je n'ai jamais eu l'occasion d'en voir de l'intérieur. Il y a trois mini-espaces pour dormir. L'une pour les parents et les deux autres pour les enfants. Ils font également la cuisine à l'intérieur. Alors, pour faire échapper la fumée, il y a juste une petite persienne. La persienne reste petite à cause des animaux sauvages qui peuvent rôder.
Notre guide a demandé à Mattao comment les parents pouvaient faire des enfants s'ils dormaient dans la petite case avec leurs enfants. Astuce de maître ! Simple et efficace. Les hommes mettent leur bâton de berger à l'entrée de la case. Ainsi quiconque passe par là sait que les parents sont en pleine... euh conversation, voilà.
Dans la case, Mattao a été choqué d'apprendre que nous étions toutes célibataires. Quatre femmes célibataires (à notre âge), voyageant comme des papillons. Ils nous a parlé du mariage Massaï. Mdrr, il a dû voir nos mines décomposées. C'est un peuple où les hommes sont polygames et où il n'y a pas de "règle" de fidélité. Je m'explique.
Le premier mariage est scellé souvent avant même la naissance des enfants. Les parents décident et octroient une femme à leur fils, pour autant que l'un et l'autre soient Massaï. Car le mariage et la vie se passent seulement entre Massaï. Il n'est donc pas question d'amour ici. Et Mattao nous a expliqué qu'il n'y a jamais personne qui s'est rebellé contre cela puisque c'est une norme et c'est tout. Tout comme c'est évident de respirer ou de manger pour être en vie. Ensuite, le fils peut choisir d'autres femmes. Il n'y a pas de limite. Le père de Mattao a 129 enfants et une vingtaine d'épouses.
L'autre chose, c'est que "quiconque" (le frère, l'oncle, l'ami) du mari peut entrer dans la case de ce dernier et avoir commerce charnel avec l'épouse du mari, et ça passe crème. Je vous l'ai dit : "pas de jalousie, pas de règle de fidélité". Si la femme tombe enceinte après cela, l'enfant est placé sous la responsabilité du mari de cette dernière même si l'enfant n'est pas de lui. C'est ce qu'on appelle "être en union libre" lol.
Vers la fin de notre visite, Mattao est encore revenu sur notre célibat improbable. J'ai dû m'inventer un "boyfriend" imaginaire pour me sortir de là parce qu'il n'en revenait toujours pas. Mes amies et moi avons failli nous marier sur place avec un minimum de 20 vaches par personne comme dote du mariage 😹😹.
Nous leur avons demandé en quoi ils croient. Ils croient aux montagnes. Certaines pour eux, sont sacrées. Et ils croient que plus haut est le sommet, plus près on est de l'Être Suprême.
Plein de questions nous taraudaient l'esprit mais il fallait continuer la route. Nous en avons oublié certaines et d'autres nous sont venues en tête en chemin.
C'est un peuple qui est resté à l'écart des changements de ce monde et qui vit dans sa réalité. Certaines choses commencent à changer. Certains parents commencent à autoriser leurs enfants à aller à l'école jusqu'à un certain niveau (les garçons en particulier parce qu'il faut éviter que les filles en sachent trop).
Ce qui est dommage, c'est que des personnes mal intentionnées peuvent se faire passer pour ses Massaï afin de se faire de l'argent auprès des touristes. On en a vu à la plage. I mean que font des vaches à la plage avec un berger ? Bref, nous les avons surnommé les "Massaï tropicalisés".
Voilà pour la petite visite, riche en histoire, en émotions, de beaux sourires et des yeux lourds de secret. Voilà un séjour qui restera dans nos têtes et nos cœurs un souvenir indélébile.
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