Donc « L’hibiscus pourpre » m’a fait atteindre mon nouveau record personnel : 400 pages en moins de 24 heures.
Chimamanda nous fait comme d’habitude voyager au Nigéria. Elle nous emmène à la rencontre d’une famille chrétienne d’apparence ordinaire où la mère est une paisible femme au foyer, et le père, un industriel dont les affaires sont on ne peut plus florissantes. L’histoire serait sans grand intérêt si dès les premières lignes Chimamanda ne suscitait pas chez le lecteur une sorte de peur panique telle que celle ressentie par Kambili, la fille cadette de la famille.
On découvre très vite l’origine de cette panique : Le père a une emprise psychologique malsaine sur l’ensemble de la famille. Il maintient l’ordre et la discipline en faisant montre d’un zèle religieux pernicieux. Il dirige sa famille avec la Bible dans sa main droite et le bâton dans la gauche. Les moindres mouvements des habitants de sa maison sont minutieusement calculés; même l’air qu’ils respirent doit avoir un « cachet imprimé » par le Seigneur lui-même.
La tante de Kambili arrive à convaincre son zélé de frère de lui laisser les enfants pour quelques jours de vacances à Nsukka. Ces derniers découvrent alors les joies d’une famille normale, où la mère et les enfants ne sont pas battus au prétexte qu’ils ont désobéi au Seigneur ou au prétexte qu’ils ont été seconds de la classe plutôt que premiers parce qu’ils ont « délibérément choisi de ne pas accomplir le dessein de Dieu ». Ils apprennent chez leur tante à s’exprimer librement, à sourire… ils apprennent même à respirer.
Chimamanda nous montre aussi ce mal profond en Afrique subsaharienne : l’omniprésence de la corruption dans toutes les strates politiques et civiles qui, par ricochet, entraîne la terrible gestion des universités, les grèves à répétition des étudiants, des professeurs, des administrations et infrastructures publiques; la fuite des cerveaux etc.
On est donc face à deux maux principaux dans ce livre : un zèle religieux absurde et les coups d’état à répétition avec leurs conséquences dévastatrices. Comment les protagonistes s’en sortiront-ils ? Je vous laisse le découvrir en lisant le livre ! C’est un petit bijou.
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