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La Force des Discrets

Writer's picture: Maeva DoumbiaMaeva Doumbia

Updated: Aug 17, 2023

Une bonne amie me dit souvent que je suis une fausse introvertie. Elle explique ça par le fait que je possède toutes les caractéristiques de l’introvertie mais que j’ai visiblement de nombreux amis/connaissances et que je suis plutôt easy-going. Well, pas vraiment et je vais vous expliquer pourquoi.


La demoiselle que j’étais il y a 14-15 ans marque quelques différences significatives avec celle que je suis aujourd’hui. J’étais plutôt asociale, très dans mon univers, n’accordant pas vraiment de temps aux activités ou aux personnes qui n’avaient aucun lien avec mes priorités. C’est simple. C’est que même si une petite voix me disait que je devais être plus sociable, je n’y arrivais tout simplement pas. Je posais plus facilement de questions en classe ou à l’imam que devant une nouvelle personne qu’on me présentait. Il fallait que je sois dans un cercle de ma famille ou d’amis très proches pour que je me laisse complètement aller.

J’étais un véritable clown à la maison, mais le visage très fermé à l’extérieur. Avant que nous ne devenions plus proches, un ami m’a clairement dit « J’avais peur de toi. Je ne savais pas comment avaient fait les autres pour être tes amis. ». Le pire c’est que je ne me rendais même pas compte que j’avais une mine peu ouverte.


Je vous raconte tout ça pour vous parler de « La Force des Discrets » de Susan Cain dans lequel je me suis reconnue très facilement dès les premières pages. Il faut déjà comprendre qu’il n’existe pas de consensus sur la définition d’introversion et d’extraversion. Ce qu’il faut retenir cependant c’est que l’introverti est un être qui évite la surstimulation. Être dans un environnement où il y a trop de bruits et surtout trop de personnes peut facilement le dérouter et le mettre dans une situation inconfortable. Il a besoin de son espace, d’une safe-zone, il se recharge dans la solitude. Il évite de prendre très vite la parole, il a un naturel contemplatif, il écoute plus qu’il ne parle. Il prend son temps avant de se lancer dans une action. Il a souvent un esprit créatif très développé. Il aime généralement lire et aime déverser son ressenti par écrit. Il est plus concentré dans ses activités lorsqu'il a son espace.


A l’opposé, l’extraverti a besoin de cette surstimulation, être entourés de gens, faire entendre sa voix, souvent avec le besoin d’être le leader, de diriger, d’être écouté. Il est plus dans l’action que dans la contemplation. Il est aussi important de faire la différence entre introversion et timidité. Certains extravertis se qualifient d’introvertis juste parce qu’ils sont timides; ce n’est pas le cas. La timidité est liée au regard des autres : la peur de ne pas faire bonne impression, la peur de donner une mauvaise image de soi, de se faire juger sur des erreurs etc. Cela peut disparaître avec le temps et avec l’habitude. On peut donc retrouver des extravertis timides et des introvertis qui ne le sont pas; et vice-versa.


Comme je le disais, ces définitions ne sont pas exhaustives et ne font donc pas l’objet d’un consensus. On y retrouve cependant les principales caractéristiques des deux types d’individus.


Susain Cain le dit dans ce livre, et Roland Polman nous en parlé lors de l’atelier avec le docteur Aminata Kane en août dernier. Il n’existe pas d’introverti ou d’extraverti à 100%. S’il y en a, il s’agirait très probablement d’un dysfonctionnement. Il faut plutôt voir cela en termes de spectre. Plus vous êtes à gauche – vous avez dans votre comportement plus de caractéristiques de l’introverti – plus vous l’êtes. Et plus vous êtes à droite dans ce spectre – vous avez dans votre comportement plus de caractéristiques de l’extraverti – plus vous l’êtes. L’introverti se recharge dans la solitude, mais il a besoin à un moment donné d’un contact social. Le contraire est valide pour l’extraverti. Tout se joue dans la proportion requise de la stimulation.



Source: Fast Company


L’introversion ou l’extraversion sont souvent innées. Cela s’explique souvent par le fonctionnement de l’amygdale (Wikipedia is your friend). L’amygdale fonctionne comme un système d’alerte, elle est la base des réponses comportementales, les réactions face à la peur et est aussi impliquée dans la détection du plaisir. Dans les années 1990, le Dr Kagan et son équipe ont fait des recherches sur des nourrissons et ont étudié la cohorte jusqu’à l’âge adulte. Les enfants qui avaient une amygdale plus réactive se sont révélés être plus anxieux face au danger : leur rythme cardiaque s’accélérait plus facilement, leurs pupilles se dilataient lorsqu’ils se trouvaient dans une situation nouvelle, ou une situation à laquelle ils n’étaient pas habitués. Ce qui était peu ou pas le cas pour les enfants avec une amygdale moins réactive. L’équipe du Dr Kagan a observé qu’à l’enfance et à l’âge adulte; les enfants qui avaient une amygdale plus réactive (enfants à haute réactivité) se révélaient être des introvertis; tandis que les enfants à faible réactivité se révélaient être des extravertis.

Cela se vérifiait dans leurs comportements. Pour les introvertis, dès l’enfance, il y avait ce besoin d’avoir son petit espace de récupération. Ils étaient très attentifs, se conformaient aux règles et étaient très sensibles. Ces comportements s’affirmaient et se développaient à mesure qu’ils grandissaient.


L’introversion ou l’extraversion peuvent être héréditaires mais cela n’est pas toujours le cas et les études dans ce sens ne sont ni concluantes ni définitives. Il existe cependant une petite marge. Des parents intravertis peuvent avoir un enfant qui ne l’est absolument pas et vice-versa. C’est donc une particularité qui est souvent innée et qui se développe dans le temps et l’espace.


Une autre chose que j’ai aimé lire dans ce livre, c’est l'insistance sur l’acceptation pour soi et par soi de cette particularité. Dans nos sociétés actuelles, dans les lieux de travail, l’environnement des médias sociaux etc., c’est l’extraversion qui est plébiscitée. On adule les personnes qui ont des prises de parole publiques, des hommes et femmes apparemment très actives, très portées sur l’action, très sociables, qui semblent ne jamais se reposer. Les personnes qui ne se reconnaissent pas en cette version ultra dynamique de la vie développent souvent un certain complexe et se voient fermer les portes de certaines opportunités. Elles décident donc de porter des masques pour se faire accepter et décrocher ces opportunités. Elles assistent à des formations de prises de parole en public ou à tout autre activité dans le but de développer la personnalité tant désirée. Si certaines personnes y arrivent; d’autres s’y perdent et développent des crises d’anxiété; voire de la dépression. Susan Cain cite des recherches montrant que la consommation d’anti-dépresseurs est montée en flèche depuis la favorisation évidente des individus de type extraverti.


Il est présenté assez régulièrement le mythe du type super sympathique, dynamique, flamboyant : l’idéal extraverti comme le décrit Cain. Pourtant, il est impossible de compter du bout du doigt les introvertis qui font et qui ont fait bouger les choses : Mahamat Gandhi, Rosa Parks, Eleonore Roosevelt, Buddha, etc. Les prophètes des religions monothéistes étaient tous des hommes qui se plaisaient dans la solitude et la promouvaient. Ils étaient pourtant sociables, dynamiques, ils ont initié des révolutions et ont porté des messages qui subsistent encore à nos jours. Ces personnalités introverties, religieuses ou pas, ont bouleversé les mœurs et ont laissé des traces indélébiles sur le fonctionnement du monde.


Plus près de nous, la majeure partie des créateurs des réseaux sociaux (environnement généralement favori des extravertis ironiquement) ont été créés par des introvertis. Steve Jobs, Mark Zuckerberg, Jack Dorsey, pour ne citer que ceux-là sont de purs introvertis.

On peut donc déclencher de véritables révolutions en acceptant l’introverti qu’on est. En fin de compte, il ne s’agit pas de faire un procès d’un type de caractère contre un autre ou de montrer la supériorité d’un type par rapport à un autre. Il s’agit de comprendre qui on est, de l’accepter, de l’assumer et d’en tirer le meilleur. C’est aussi savoir que le monde a autant besoin d’introvertis que d’extravertis.


Dans le milieu social, le monde du travail, les relations amicales et amoureuses, ces deux types de personnalité peuvent coexister, s’équilibrer et former les meilleurs duos. Il suffit de trouver et de favoriser les meilleures conditions dans lesquelles ces deux types de caractère peuvent s’exprimer et se sentir confortables. Le livre donne des exemples pratiques en ce sens.


Avant de terminer, je voudrais rappeler qu’un introverti n’est pas un asocial; loin de là. Son besoin et sa capacité à digérer les interactions ou obligations sociales diffèrent simplement des autres. Il ne faut donc pas cacher ou justifier sa misanthropie avec l’introversion. Ce sont deux situations complètement différentes.





14-15 ans plus tard, quand je pense avoir changé (au moins partiellement), je me rends compte que certains traits de caractère ont la peau dure. J’ai toujours du mal à initierune conversation, à m’insérer dans une discussion à laquelle je n’ai pas été conviée. J’ai besoin de me recharger toute seule après trop d’interactions sociales. J’ai du mal à répondre aux messages quand il y en a trop. J’ai du mal à déjeuner avec des collègues de travail ou d’école car je n’aurai aucune idée de quoi dire dans la conversation. Il se peut aussi que ce soit la peur de m’ennuyer si les conversations me semblent inintéressantes. Il m’arrive de fermer mon téléphone pendant des heures. Je l’aurais fait pendant des jours mais j’ai besoin de prendre des nouvelles des personnes que j’aime, et elles s’inquiéteraient si je disparaissais du jour au lendemain. J’accepte cependant tout ceci car c’est ce qui forge ma personnalité.


Je déconstruis peu à peu certaines choses grâce notamment aux conseils de maman. Elle m’a une fois dit que le meilleur cadeau que l’on puisse faire; c’est donner de son temps. J’ai appris à sourire plus facilement, et plus souvent en me rappelant que mon ami avait peur parce que j’avais la mine fermée, et grâce au hadith du Prophète (s.a.w) « Sourire à son frère est une aumône ». J’ai appris d’autres choses en lisant et en m’asseyant avec des gens, en côtoyant plus de personnes.

Je suis toujours jalouse de mon temps, de mes conversations, de ma compagnie mais je fais l’effort de donner de mon temps, de ma personne et d’être utile et agréable aux autres.


Alors pour revenir à ce que disait ma bonne amie, je ne suis pas une fausse introvertie. J’en suis une qui s’assume aujourd’hui mais qui fait et aime faire des efforts vis-à vis des autres.




La force des discrets est un super bouquin et mes mots, bien que nombreux, ne le résument pas entièrement. J’ai aimé les recherches, les références, les statistiques, les exemples et conseils dont il regorge et je le recommande vivement.


Bonne lecture !

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2 Comments


massirad58
Oct 15, 2021

Super belle plume

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souslombreducoran
Oct 05, 2021

Super, j'ai aimé

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