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Le livre de ma mère

Writer's picture: Maeva DoumbiaMaeva Doumbia

C’est dans les yeux de ceux qui nous aiment que nous sommes les plus grands.


C’est le sentiment que j’ai après la lecture du livre d’Albert Cohen « Le livre de ma mère ». Un chant d’amour et de désespoir. Amour éternel et désespoir amer d’avoir perdu le sens de sa vie en la mort de sa mère.


C’est dans les yeux de ceux qu’on aime que nous sommes les plus grands. C’est dans leurs gestes apparemment minimes, leurs sourires quand ils nous regardent, leurs craintes quand nous sommes loin, leurs manies et petits tics, leurs yeux rieurs et leurs mots empreints d’affection que nous reconnaissons leur amour pour nous.


Ce sont ces personnes qui prennent avec la plus grande attention toutes ces choses banales et insignifiantes vous pouvez leur raconter. Ce sont elles qui vous encourageront lorsque les autres vous rabaisseront. Ce sont elles qui vous pardonneront lorsque les autres vous tourneront le dos. C’est dans le regard de ces personnes que vous êtes les plus importants.


À bien des égards, ce livre m’a rappelé ma mère. J’ai revu en lisant ce livre les nuits durant lesquelles elle est restée éveillée à me border tandis que j’étais malade. Ces moments où elle était extrêmement fière pour des choses que l’on trouverait on ne peut plus ordinaires. Je la revois courir après moi les matins lorsque je partais pour le lycée avec un morceau de pain et du lait chaud en me criant : « Mets quelque chose dans ton ventre avant de sortir ! ».


Je la revois refaire la même chose il y a à peine un an, alors que j’ai plus de vingt ans, et que je suis censée prendre totalement soin de moi. Je la revois se réveiller avant moi et me préparer de quoi manger avant d’aller travailler parce qu’elle sait que sa fille ne change pas et qu’elle sortira de la maison précipitamment. Aujourd’hui, je développe une intolérance au lactose. Alors, elle change de menu mais elle garde son objectif. Je la revois me préparer du pain et du café en me disant : « Mets quelque chose dans ton ventre avant de sortir ! ».


Ce livre de Cohen me fait faire un parallèle avec ma mère. Il y raconte la sienne et j’y vois la mienne. J’y vois son amour et ses maladresses. J’y vois sa force et ses craintes. Tandis que Cohen parle de la sienne au passé, j’ai l’immense chance de pouvoir encore parler de la mienne au présent. On imagine comment le désespoir le ronge lorsqu’il parle de celle qui l’a chéri et qui n’est plus.


En vérité, nous sommes d’éternels enfants rêvant de la chaleur de nos mères après nos longues journées. Personnellement, je ne rechigne jamais à poser la tête dans le giron de ma mère dès que j’en ai l’occasion. « Bébé gâté ! ». Je m’en fous ! Je ne sais pas si je mourrai avant elle ou si ce sera l’inverse. Avant l’inévitable, je voudrais profiter de tout le bonheur qu’il est possible de tirer à ses côtés.

Albert Cohen rit de l’inutilité de cette vie. On rit, on désire, on a à dessein des projets pharaoniques, on espère, on craint, on se rebelle, on a de grandes aspirations et on fini par mourir. Alors si tout ceci doit valoir quelque chose, il vaut mieux être accompagné d’un être humain aimant qui partagera vos états et partager les siens avec vous.


Il termine par ces mots :

« Aucun fils ne sait vraiment que sa mère mourra et tous les fils se fâchent et s’impatientent contre leurs mères, les fous si tôt punis. »

Punis lorsque soudain frappés par la réalité de l’absence de la mère lorsqu’elle n’est plus.


Perdre sa mère, c’est perdre littéralement une partie de soi. C’est voir disparaître l’être par lequel l’on a reçu la vie…

À ceux et celles qui ont perdu leurs mères, qu’Allah leur fasse miséricorde. Qu’Allah vous réunisse au Paradis. Invoquez pour elles !


Aux personnes qui ont la chance d’avoir leurs mères auprès d’elles, profitez de ce merveilleux cadeau de la vie et honorez-les. La vie ne tient qu’à un fil.


Quant à la mienne, je sais qu’elle me lit souvent. Alors, maman : Je t’aime !


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