Avril. C'est un mois qui a une certaine résonance chez nos frères de l'Afrique de l'est. Il y a 25 ans commençait ce qui allait devenir l'un des plus grands nettoyages ethniques de notre siècle : le génocide Rwandais.
Je suis entrée dans le Petit Pays de Gaël Faye. C'est l'histoire d'un enfant métis : père français, mère rwandaise. Déjà dans les années 60, sa mère avait dû fuir le Rwanda pour se réfugier au Burundi. Gaël et sa sœur y sont nés et ont passé une délicieuse enfance.
L'auteur se raconte lui-même. Il raconte cette enfance qu'on a presque tous vécue, en ce qui a trait à l'innocence, aux courses nus pieds, aux rivalités infantiles, et au-delà de tout : à l’insouciance.
Je n'ai jamais été pressée de grandir. J'étais très confortable dans mon petit monde où le but ultime de la journée était de jouer, rire, découvrir, courir jusqu'à en perdre l'haleine, et recommencer le lendemain. En voyant les adultes parler de leurs problèmes, les femmes mariées désespérées...je me demandais ce qui pouvait pousser mes amis à vouloir grandir si vite. Je me complaisais dans mon insouciance parce que je n'ai jamais aimé les problèmes.
Le truc, c'est qu'aussi fort qu'on essaie de les éviter, les problèmes viennent nous trouver. Ils se frayent des passages jusque dans le fond de nos lits, le fond de nos pensées... Ils s'infiltrent jusque dans nos âmes.
Gaby n'y a pas échappé. Malgré sa volonté de fuir le monde des adultes, d'échapper à cette guerre qui n'était pas la sienne, de rester confiné dans son insouciance; malgré sa détermination à continuer de rêver et de n'être juste qu'un enfant, il s'est retrouvé de plein fouet dans la guerre. Le cataclysme, outre que le Rwanda, avait aussi touché et bouleversé son Burundi natal.
S'ils s'ont restés vivants, ils ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes.
Il écrit en parlant de sa mère, cette phrase profonde : " Le génocide est une marée noire, ceux qui ne n'y sont pas noyés sont mazoutés à vie."
J'ai souvent regardé des documentaires sur le génocide au Rwanda. J'ai toujours eu du mal à comprendre comment l'être humain pouvait en arriver là.
Gaël nous livre une infime partie de cette barbarie, mais aussi infime qu'elle soit, elle vous retourne le cœur.
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